i miss you // ft. Nova (Basil et Nova)

J'aurais dû envoyer une lettre. Ou au moins essayer un texto. Pourquoi j'ai voulu faire ça en personne, déjà ? Ah oui, parce que je préfère le réel. Parce que par sms, elle pourrait également choisir de me ghoster, ou alors ne pas me croire. Ou encore, mentir dans sa réaction, prétendre que tout est OK alors que ça ne l'est pas. En face, au moins, j'aurais toute ses réactions sous les yeux. Si elle est en colère, je le verrais de suite sur son visage. C'est une émotion qu'on est incapable de cacher, si bien dans le regard que dans les traits du visage. Et puis, je la connais, Nova. Je la connais très bien. Je saurais lire dans son âme, si elle est heureuse de me revoir... Ou pas.

Depuis que je suis arrivé, j'ai déjà commencé à préparer ce que j'allais lui dire. Comment j'allais lui expliquer que ma famille a préféré me laisser pour mort aux yeux de mes proches, au cas où je succomberais à la maladie. Ce n'était selon moi pas vraiment une raison valable, mais bon, c'était fait maintenant. Il faut juste que j'arrive à lui expliquer. Sur le chemin, je m'arrête pour acheter un bouquet de pivoines et je prends mon temps pour la choisir. Peut-être pour qu'elle soit parfaite, mais aussi un peu pour gagner du temps. Si j'ai hâte d'y être, j'ai aussi la crainte du rejet. C'est là que je me rends compte que mes sentiments pour elle sont toujours présents. Ah, oui, je l'aime encore. Je l'aimerais toujours, d'ailleurs, même si elle se met à me détester... Je ne veux que son bonheur. Et si elle veut que je disparaisse à nouveau, je le ferais.

Une fois devant sa porte, je me mets à hésiter. Et si... Et si elle ouvrait, avec son mec ? Et si ça me faisait si mal que je voudrais en mourir ? Bazz, arrête un peu, c'est égoïste là. Oui, c'est vrai. Bon sang, je ne peux qu'à peine imaginer sa douleur quand elle a appris mon décès. Et le courage qu'elle a dû avoir pour surmonter tout ça. Si je dois souffrir, alors je souffrirais. Mais au moins, j'aurais essayé. Je frappe alors à la porte, me raclant la gorge, réajustant ma veste et tenant plus fermement que je ne le voudrais le bouquet précédemment acheté. Mon coeur se met à battre plus fort au rythme des secondes qui semblent s'écouler dans une lenteur démesurée. Et finalement, il s'arrête quand le visage de Nova apparaît. Ma respiration se coupe alors que je perds mes moyens et finalement, après quelques secondes à faire la statue, je lui tends le bouquet avec un sourire timide, les joues légèrement rougies et les yeux brillants. « Salut, Nova... »

Nova était vêtue d'un short de pyjama, d'un tee-shirt qui ne faisait apparemment pas partie de sa garde robe et de chaussettes dépareillées. Elle avait encore décidé de se lancer dans un projet. Elle avait une fresque murale dans sa chambre, à la tête de son lit, des vieux disque qu'elle avait personnalisé et des vieilles cassettes de musique qu'elle avait accrochées au mur. Là, elle voulait personnaliser sa guitare. La voilà assise par terre, du papier journal pour couvrir le sol de l'appartement qu'elle partageait avec Tad et Charlie et plusieurs pots de peinture autours d'elle. Elle passait sa langue entre ses lèvres comme si ce geste pouvait l'aider à peindre de manière plus précise des fleurs sur l'instrument qu'elle s'est payé dès qu'elle a eu l'occasion de le faire.

C'est vrai que Nova n'a pas toujours eu la vie facile lorsqu'elle était plus jeune. Pour se payer à manger, elle devait redoubler d'inventivité. Elle enchainait les petits boulots depuis toute jeune pour payer les factures que ses parents ne prenaient pas le temps de faire et pour se payer d'autres choses essentielles. A partir d'un moment, Nova a réussi à économiser pour s'acheter une guitare. Sa première guitare. Elle la gardait précieusement, comme une relique de son passé. Comme pour signifier je m'en suis sortie finalement. D'autres éléments étaient venus chambouler sa vie après ses parents peu présents pour elle et ses frères. Elle est tombée amoureuse. Un amour pur, quelque chose de frais, de doux. Et tout a été ruiné parce que cet amour est mort. Elle a mis du temps pour s'en remettre avant de se relancer dans une relation vouée à l'échec parce que cette personne n'était pas sérieuse. Et puis elle avait rencontré Quincy. Une jeune femme qui lui faisait tourner la tête. Novaleen ne savait comprenait pas toujours quels sentiments l'unissait à elle, mais il était clair que c'était loin d'être du vent.

Toujours est-il que Nova peignait et collait des stickers trouvé à droite et à gauche sur sa toute première guitare. Elle allait avoir une deuxième jeunesse, sans doute. Si à présent la jolie blonde n'y touchait plus parce qu'elle en avait une autre et qu'elle passait plutôt son temps à chanter pour le groupe, elle ne comptait pas se séparer de ce bijou. Et alors qu'elle était lancée dans son activité, quelqu'un frappa à la porte. Tad. Ou Quincy. Tad aurait pu oublier ses clés et Quincy aurait pu décider de passer à l'improviste. Elle posa son pinceau, se leva en grommelant. Elle était sensée avoir l'appartement rien qu'à elle aujourd'hui. Elle voulait un peu en profiter. Sur le coup, elle ne savait absolument pas qui était la personne qui frappait à la porte. Pour le même prix, c'était un voisin qui venait chercher un peu de lait. Elle adressa toutefois quelques mots sur le chemin jusqu'à la porte. « Tu ne peux pas te passer de moi, j'parie ?! T'as de la chance que j'sois là toute la journée ... » Elle regarda son téléphone en passant. Aucun message.

Nova ouvrit la porte, le sourire jusqu'aux oreilles et ses cheveux voltigèrent dans les airs à cause de l'énergie que la jeune femme avait mis pour ouvrir la porte d'entrée. Basil. Comment c'est possible au juste ? Sur le coup, elle ne savait pas si elle rêvait ou bien si la personne devant elle était le sosie parfait de son ex-petit ami décédé d'un cancer. Aucun mot ne sorti de sa bouche. Ses yeux étaient fixés sur le visage de Bazz. Son sourire laissa place à un visage surpris. Qu'est-ce qu'elle devait comprendre au juste ? Qu'il était un miracle de la nature et qu'après tout ce temps, les médecins étaient devenus des magiciens ? Les paroles de celui qui se trouvait en face d'elle résonnaient dans son esprit. Elle attrapa machinalement le bouquet de fleurs. Ses fleurs préférées. Ce n'était décidément pas une coïncidence. Tout ce que la jeune femme arriva à faire c'est de prononcer le prénom de celui qui se trouvait là, sur le pas de sa porte. « Basil ? » Elle qui le surnommait toujours pour l'embêter n'avait aucunement l'envie de le faire à l'heure actuelle. Sa voix était à peine audible. Elle n'était pas certaine qu'il l'avait entendue. Pourtant, elle ne se voyait pas le prononcer une deuxième fois. Elle mit une mèche de cheveux derrière son oreille avant de s'écarter pour le laisser entrer sans vraiment savoir ce qu'elle devait réellement faire. Elle était perdue, Novaleen. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'un fantôme du passé venait frapper à sa porte.

Qu'est-ce qu'elle est belle. Ça a beau faire un peu plus d'un an que je ne l'ai pas vu, je la trouve toujours aussi belle. Canon. Et mon cœur s'emballe encore. Comme le premier jour, au moment où je savais que j'étais tombé amoureux d'elle. A cause de mon cœur, d'ailleurs. Il battait bien trop vite. A la vue de son visage, les souvenirs remontent en moi. Tout autant que les émotions liées. Dire et affirmer que je n'ai plus aucune envie de me remettre avec elle serait un énorme mensonge. Néanmoins, je ne peux rien espérer. Je suis revenu pour retrouver ma vie d'avant, certes, mais après tout ça, je ne peux pas imposer à mes proches de reprendre là où je les ai laissé, seulement par égoïsme. Eux aussi doivent avoir avancé.

C'est pourquoi, si elle ne veut pas de moi, je ne lui imposerais jamais ma présence. Tant qu'elle est heureuse, ça me convient. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai si peur de la voir avec quelqu'un d'autre. Je sais que j'en souffrirais. Que ça sera forcément dur de ne pas m'immiscer entre eux. De ne pas essayer de la reconquérir. Mais je suis certain qu'elle sait parfaitement que je serais incapable de lui nuire. J'ai bien l'intention de lui expliquer toute l'histoire et j'imagine que ça ne doit pas être évident de voir un mort revenir à sa porte… Mais quelque part, de la voir aussi surprise, ça me fait chaud au cœur. Je ne sais même pas pourquoi. Elle s'écarte et j'avance timidement dans l'entrée de l'appartement. « Non, tu ne rêves pas… Je suis bien réel. » Je n'imagine pas le nombre de personnes qui, dans ma situation, aurait joué de tout ça. Ils se seraient potentiellement tous un peu amusé de la situation mais moi, ça me fait plus de mal qu'autre chose.

« J'ai vaincu difficilement mon cancer après être mort quelques secondes mais… Je ne sais pas pourquoi, ma mère a décidé de vous laisser croire que je suis mort. Mais c'est aussi ma faute… J'ai pas essayé de vous rappeler ni rien… J'avais trop peur de succomber et de vous faire mal encore une fois… » Je me sens honteux. J'ai honte de mon comportement parce que même si elle m'a fait croire qu'avec Nova, c'était fini, je n'ai même pas essayé. Pour les protéger, pour moi, ça semble être une raison valable. Mais en même temps, ce n'était pas suffisant. J'aurais pu faire quelque chose… « Non, c'est ma faute. Je suis vraiment désolé. Si tu préfères que je m'en aille, je le ferais. » Il est clair que je ne peux pas essayer de la soudoyer avec ces excuses. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Ainsi, je lui laisse déjà le choix alors que je n'ai même pas eu le temps de la retrouver… Peut-être que c'est mieux comme ça ? Peut-être même que je n'aurais pas dû revenir…

Inutile de dire à quel point la venue de Basil coupait le souffle de Nova. Elle n'aurait jamais cru qu'une telle chose serait possible. Après tout, il était décédé. La maman du jeune homme lui avait dit que c'était le cas, du moins. Dans les premiers temps, elle avait été anéantie. En pleurs à longueur de journées. Le gout de la vie mis dans un coin de sa tête. Novaleen avait mis du temps à se remettre de cette épreuve. Elle savait bien que ce genre de chose arrivaient. Elle savait que la mort était un passage obligé pour tout le monde. Mais elle ne pouvait pas croire que ça lui arrive à lui. Elle ne voulait pas croire que ça lui arrive à elle. Et si finalement elle avait réussi à faire son deuil, à passer à autre chose et à se faire à l'idée de ne plus revoir Bazz, elle ne s'était jamais questionné sur les paroles de la mère de ce dernier. Aujourd'hui, avec le recul, elle comprenait. Elle n'était pas la bienvenue dans la vie de Basil. Su moins de son point de vue à elle. Nova avait senti la réticence de sa belle-mère à l'époque, mais elle estimait que ce choix revenait entièrement à Basil et à personne d'autre.

« Non, tu ne rêves pas… Je suis bien réel. » Ah ! Heureusement que tu le dis, je croyais avoir des hallucinations. Nova ne trouva rien à dire. Encore sous le choc. Les yeux perdus dans le vide. La seule chose qu'elle manifesta : un petit rire nerveux. S'il ne lui avait pas précisé qu'elle ne rêvait pas, elle aurait sans doute trouvé le moyen de se pincer, cachée derrière son bouquet de pivoines. Elle ne savait dire si elle était heureuse de le retrouver. Parce que finalement, elle a été séparée de lui pendant tout ce temps. Tout ce temps où lui, il n'avait pas donné de signe de vie. Où il se faisait passer pour mort.

Novaleen était encore debout, maintenant la poignée de porte encore en main. Est-ce qu'elle devait fermer la porte ou pas ? Elle ne savait pas. Ces derniers temps, il y avait de quoi chambouler tous ses sentiments. Ne pas savoir où elle en était avec Quincy. Le retour de Basil. Nova avait l'impression de dégringoler de plusieurs étages. Comme si tout s'effondrait. Comme si la réalité dans laquelle elle vivait était un pur mensonge, quelque chose inventé de toute pièce. Comme si l'univers se liguait contre elle en lui rappelant qu'elle ne méritait que la souffrance. Vivre avec ses parents n'avait probablement pas du être assez. Aucun mot ne sorti de sa bouche. Elle restait muette. Sa gorge était serrée. Des nœuds se créaient dans son estomac. « J'ai vaincu difficilement mon cancer après être mort quelques secondes mais… Je ne sais pas pourquoi, ma mère a décidé de vous laisser croire que je suis mort. Mais c'est aussi ma faute… J'ai pas essayé de vous rappeler ni rien… J'avais trop peur de succomber et de vous faire mal encore une fois… » Les yeux de Nova devenaient humides. Sa vision se faisait trouble. Et impossible de savoir ce qu'elle ressentait réellement à cet instant précis. Colère. Tristesse. Etonnement. Frustration. « Non, c'est ma faute. Je suis vraiment désolé. Si tu préfères que je m'en aille, je le ferais. » Tout ce qu'elle trouva à répondre sur le moment fut un doux et à peine audible « Je vois ... » Les sourcils froncés, elle ferma la porte avant de passer une main sur son front et de poser le bouquet sur la table de la salle à manger.

Ainsi, elle ne voulait pas le mettre à la porte. Elle tournait le dos à Basil. Le temps de reprendre ses esprits, de sécher une larme qui roulait sur sa joue. Quelque part, elle espérait qu'une fois qu'elle se retournerait, il ne serait plus là. Elle avait vécu une réelle épreuve en tentant de l'oublier et si elle devait recommencer, elle ne sait pas exactement où elle trouverait la force. Mais lorsqu'elle se retourna, il était toujours là. Il avait bien raison. Elle ne rêvait pas. « Basil ... Je ... Je ne comprends pas. » Elle passa ses deux mains à la racine de ses cheveux avant de relâcher ses bras qui tombèrent le long de son corps. « Tu étais ... » mort « Et là, tu viens frapper à ma porte comme une fleur avec ce bouquet, presque comme si de rien n'était. Franchement, qu'est-ce que j'ai fais pour que tu me fasse traverser cette épreuve ? » Elle haussait un peu la voix, laissant transparaitre sa colère. Nova estimait qu'elle n'avait pas mérité ça. Elle avait souffert, Nova. Tad avait du la ramasser à la petite cuillère après la supposée mort de Basil. Elle s'en voulait d'avoir perdu son temps.

Et pourtant, les moments qu'elle avait passé avec lui ne cessaient de lui revenir en mémoire. Elle ne cessait de voir trouble et de retenir au maximum ses larmes. Elle voulait tant prononcer quelques mots supplémentaires. Mais elle n'y arrivait pas. Elle restait là, debout à côté de son bouquet, à ne plus savoir dans quelle réalité elle se trouvait. Tu m'as manqué ! Voilà ce qu'elle mourrait d'envie de lui avouer. Et pourtant, elle restait là, à se demander si elle pouvait lui faire à nouveau confiance. Il était certain que les sentiments de la demoiselle ne s'étaient pas évaporés en même temps que Basil. Ils étaient encore bel et bien présents.

« Pourquoi tu reviens, maintenant ? » Réelle question. Il venait de lui dire qu'il n'avait pas donné de nouvelles parce qu'il avait peur de la faire souffrir. Alors pourquoi revenait-il d'entre les morts aujourd'hui ? Pourquoi est-ce qu'en ce jour les choses seraient différentes ? En quoi son retour ne lui ferait pas de mal ? Sa guitare et la peinture qu'elle avait préparé par terre semblaient si loin de ce qu'elle vivait actuellement. C'était tout simplement lunaire.

Évidemment. Je ne peux pas revenir sans qu'il n'y ait aucune conséquence. Je me suis rassuré longtemps avec des "non, ça va aller, ils comprendront forcément" avant de me décider à revenir ici. J'avais peur du rejet. J'ai toujours peur de ce foutu rejet. Ils ont fait leur vie sans moi et c'est totalement normal. Alors j'ai été en colère contre ma mère, en colère contre ma famille et je suis toujours en colère contre moi-même de ne pas être revenu plus tôt. De ne pas avoir pris la peine d'envoyer un message pour dire que je suis vivant. Parce que la vérité est toujours mieux qu'un mensonge qui fait des ravages. Ce mensonge fait d'énormes ravages… J'en suis conscient. Le premier à en être victime, c'est moi, d'ailleurs. Mais je ne peux pas toujours raisonner de manière égoïste. Je sais que mes proches en souffriront aussi.

Je sais que Nova en souffrira. Elle en souffre déjà, vu son visage. Vu ses yeux humidifiés par les larmes que j'ai créé à cause de mon annonce. Vu la peine qui traverse son cœur et que je vois dans son regard quand elle le pose sur moi. Elle est perdue, ça se voit. Et j'ai envie de fuir. Intérieurement, j'ai un feu qui brûle lourdement toutes les parois de mon cœur d'être revenu. Ça aurait été plus simple aussi pour moi de rester planqué à New-York avec ma famille. Mais ma vie me manque… Nova me manque. Tad aussi, et Matty. Et tous les autres. Je ne veux pas rester loin d'eux. Surtout maintenant que je sais que je ne vais pas mourir tout de suite… Enfin, je crois. Pas à cause du cancer en tout cas. Je suis guéri, je ne peux plus disparaître. J'ai toujours besoin de prendre des médicaments mais tout de même, je suis guéri.

J'attends patiemment sa réaction, le cœur lourd. J'ai envie de partir, de moi-même. Alors qu'elle ferme la porte comme pour me demander de rester. Elle veut des explications, et je le sais. Je vais lui en donner, de toute façon. Je suis là pour ça. Mais une majeure partie de moi, là, tout de suite, a juste envie de se barrer par pure lâcheté. Cependant, je n'en peux plus d'être lâche. J'ai besoin d'elle, d'eux, de retrouver mes marques. De cette vie qui me convenait parfaitement… Elle me dit qu'elle ne comprend pas. Que j'étais mort. Que je reviens comme une fleur. Avec des fleurs. Le jeu de mots me donne envie de sourire mais j'ai bien trop de peine pour le faire. Et sa question a beau être aussi simple qu'un "bonjour", je ne parviens pas à y répondre. Ma gorge est bien trop serrée pour ça. J'essaie, pourtant. J'essaie de toutes mes forces. « Rien… C'est… » Voilà tout ce qui sort de ma bouche, usant ma voix tremblante comme instrument. Je déglutis, je n'y arrive pas. Voilà, je la regarde, ma Nova, tremblante d'avoir trop souffert de ma perte, colérique d'apprendre que finalement, je suis toujours là, et que je ne lui ai rien dit. Alors que c'était l'amour de ma vie. C'est dur. C'est si dur de la voir dans cet état, de ne serait-ce qu'imaginer la douleur qu'elle a pu ressentir pendant que moi, je me remettais à New-York.

Je ne peux pas. Je ne peux pas le supporter. J'étouffe ici, mon cœur bat à une allure que je ne pensais pas possible et mon cerveau n'arrive plus à réfléchir. Je secoue la tête, je passe une main sur mon visage et je me racle la gorge. Je prends une grande inspiration, une bonne goulée d'air pour emplir mes poumons et me calmer un peu, dénouer ce nœud dans la gorge pour pouvoir lui répondre. Pourquoi je reviens maintenant ? Pourquoi maintenant ? « Parce que je t'aime. » dis-je de ma voix brisée, à peine audible à mon tour. C'est la raison la plus simple à expliquer. Mais elle a besoin d'autre chose. « Parce que je vous aime, vous tous. Parce que je ne suis pas moi-même sans vous. Parce que je suis égoïste, parce que je ne supporte pas d'être loin de la famille que j'ai choisie, parce que j'ai besoin de vous tous… J'ai besoin de toi. » Maintenant que les larmes me sont montées aux yeux, que ma gorge me fait mal tant elle est serrée et que je n'arrive plus à respirer correctement, que dois-je dire de plus ? Je ressemble à un enfant à qui on aurait volé son doudou préféré. Un enfant désemparé qui rencontre des embûches grosses comme des immeubles, et qui ne sait pas comment les surpasser. « Novaleen, j'ai vraiment cru que j'allais y rester. J'ai cru que j'allais vous perdre tous. Et quand je suis mort et que je suis revenu ensuite, je n'ai jamais cru à ma guérison. Quelque part, je voulais rester mort. J'ai passé… » Ma voix se brise et je dois déglutir à nouveau pour me reprendre un peu. « J'ai passé tout ce temps à me demander comment vous alliez, si vous vous en sortiez de cette douleur, à vous imaginer en pleurs, brisés, comme ma mère l'était devant mes yeux, j'ai hésité, tout le temps, à vous recontacter… Mais à quoi bon le faire si c'est pour vous refaire souffrir ensuite ? Si je mourrais encore ? Et pour de bon ? Mais putain, Nova, quand j'ai su que j'étais guéri, j'ai essayé de me construire une vie là-bas, mais j'arrive pas. Je n'y arrive pas, je ne peux pas… Oui, c'est égoïste… C'est pour ça que je te dis que si tu veux que je disparaisse, alors je le ferais. A contrecœur, mais je le ferais. Si tu me le demandes… » J'ai envie de m'écrouler au sol. Mes jambes me tiennent à peine tant je suis plein d'émotion. Je me suis vidé, ça y est, je lui ai dit, je lui ai expliqué pourquoi. Mais je continue à être terrorisé par sa réponse, par ce qu'elle va me demander ou ce qu'elle va faire de tout ça. Je suis terrifié.

Nova voulait des réponses. Elle était restée là comme une conne finalement. Elle avait refait sa vie après une épreuve qui avait été atroce. Un long moment passé à ne plus avoir la force de regarder des photos de lui. Et si elle était envahie d'un torrent d'émotions, elle ne pouvait s'empêcher de voir qu'il se trouvait dans la même situation qu'elle. Elle pouvait imaginer que sa vie aussi avait été rude. Qu'il n'avait pas eu que des facilités et que se battre contre un cancer n'avait surement pas du être de tout repos. Néanmoins, elle voulait comprendre. Elle voulait savoir ce qui motivait Bazz à revenir. Et si elle avait longtemps rêvé qu'il revienne, les choses n'étaient pas aussi simple que dans un rêve. Elle ne se voyait pas sauter à son cou et l'embrasser comme ça, comme elle l'avait tant rêvé auparavant. La situation était difficile. Tendue. Novaleen avait l'impression que la pièce se faisait plus petite à mesure que les minutes avançaient. Elle avait le souffle court. Et puis boum. Plus rien autours d'elle n'avait de sens. Plus de bruit. Son cœur loupa un battement. Sa tête tourna quelques secondes.

« Parce que je t'aime. » Les paroles de Basil faisaient l'effet d'une bombe pour Nova. Son cœur battait plus vite. Elle pensait qu'il allait exploser. Nova tentait de retenir au maximum les larmes qui ne demandaient qu'à couler, seulement le barrage mental qu'elle avait érigé ne tenait plus. Des goutes perlaient sur ses joues et finissaient leur course écrasée contre le sol, près de ses pieds. Plus rien ne pouvait les arrêter de couler. Ses joues devenaient rouges. Perdue, elle écoutait le flot de paroles presque ininterrompues de Basil. Elle n'arrivait pas à le regarder et trouvait refuge pour ses yeux à divers endroits de la pièce. Un peu comme si Nova n'arrivait pas à faire face à la réalité. Et ce n'est qu'à la fin des explications du jeune homme qu'elle parvint à laisser quelque chose échapper d'entre ses lèvres. « Non. Tu n'as pas le droit. » Elle venait de prononcer ces mots tellement bas qu'elle les reprononça plus fort dans la foulée. Comme si même elle ne les avait pas entendus. « Non. Tu n'as pas le droit ! »

La colère de Nova transparaissait à travers ses paroles. Sa gorge avait fini par laisser passer plus d'air. Elle prit une énorme inspiration avant de reprendre la parole sur un ton qui se voulait un peu plus dur qu'à la normale. Les larmes coulaient encore et sa voix en était affectée mais tant pis. « T'as absolument pas le droit de te pointer chez moi, de me dire que tu m'aimes et d'me dire que tu as passé ton temps à te d'mander comment je prenais les choses ! » Elle passa sa main pour essuyer une larme qui chatouillait son visage avant de continuer. « J'étais plus du tout la même, Bazz ! Te perdre c'était ... » Horrible. Terrible. Un cauchemar. Une épreuve presque insurmontable. Elle ne termina pas sa phrase. Elle préféra laisser les choses en suspend. Comme la situation qui semblait complètement hors du temps. Hors de l'espace. Elle se trouvait là, dans une bulle avec son ancien amour, à l'écart de tout.

Nova s'était rapprochée sans réellement s'en rendre compte. Elle avait les poings fermés et les larmes semblaient couler de plus en plus intensément. « J'ai bien cru que je n'allais jamais me remettre de tout ça, Bazz. » A mesure que des mots étaient prononcés, elle se rapprochait de lui pour finir si proche qu'elle pouvait sentir son odeur. Cette odeur qui la faisait se sentir en sécurité par le passé. Nova était hors d'elle si bien qu'elle martela plusieurs coups à l'aide des côtés de ses poings fermés, sa tête posée sur la poitrine de Basil, répétant en boucle « C'est pas juste ! » Elle avait une attitude d'enfant que certains qualifieraient de capricieux. Une attitude comme celle de ceux qui réclament des bonbons ou des jouets alors qu'ils en sont interdits.

Se mouvements finirent par s'apaiser et ses paroles par se faires muettes. Elle resta là un moment sans bouger. Les deux poings et la tête contre Basil avant de s'écarter à nouveau de lui. Elle ne souhaitait pas le voir partir. Mais est-ce qu'elle souhaitait réellement qu'il reste ? Elle renifla alors, s'essuya les joues avant d'emporter le bouquet de de lui trouver un vase. Que ça vienne de lui ou de quelqu'un d'autre, ces fleurs n'en demeuraient pas moins ses préférées. Hors de question de les jeter. Même si ça lui avait traversé l'esprit. « Merci pour les fleurs. » Le comportement de Nova devait être à peine croyable. Elle semblait s'être construit un mur de pierres pour mettre de la distance entre eux. « Et tu fais ce que tu veux. Si tu veux partir, je ne te retiens pas. Si tu veux rester ici, alors reste. T'es libre maintenant. T'as dis ce que tu avais à dire je crois. » Elle se montrait froide. Sans doute était-ce difficile pour Basil. Mais Nova avait besoin de digérer les informations qui venaient de se passer. Elle entrepris ensuite de fermer les pots de peinture et de ranger son matériel. L'envie de décorer sa guitare avait disparue. Elle posa tout sur la table avant de regarder sa guitare et de la bousculer légèrement du pieds avant de grommeler entre ses dents « Qui aurait pu croire que je recevrai une visite tout droit sorti d'un de ces films, pas vrai, Daisy ?! » Oui, sa guitare avait un nom. Parce qu'à une époque, elle n'avait pas grand chose. Ses frères. Le groupe. Sa guitare, Daisy. Elle la ramassa avant de la poser contre un mur trop proche de son ex-compagnon. Nova ne semblait prêter aucune attention à Basil. C'était trop difficile pour elle. Le retour à la réalité était bien trop difficile.

Je le sais, je le sais très bien que je n'ai pas le droit de revenir dans sa vie, mais il le fallait. J'en avais besoin. Oui, c'est terriblement égoïste de penser comme ça. Mais je suis aussi certain qu'elle ne peut pas avoir cessé de m'aimer. Ou même de m'apprécier. Je suis sûr de pouvoir me rattraper et de rendre sa vie meilleure. En tant que petit ami comme un ami simple. Si j'ai tort, je partirais si elle me le demande. Mais je n'ai pas vécu tout ça, je n'ai pas passé toutes ces épreuves pour partir, pour la quitter à nouveau. Si je reviens, c'est pour de bon. Je n'avais jamais voulu la quitter, d'ailleurs… Jamais. Et il va falloir qu'on en parle, de tout ça. Au calme, quand on sera tous les deux calmes. Elle a eu mes explications mais je sais qu'on a besoin de discuter. Ce n'est pas suffisant…

La voir dans cet état me brise le cœur un peu plus. Je déteste la voir pleurer. J'ai toujours détesté ça. Son sourire est la plus belle chose qui m'ait été donné de voir. Et je veux le revoir. Encore, au moins encore une fois. Je suis têtu et elle le sait. Si elle me demande de partir, je le ferais, mais sinon, je me battrais. Plus fort que je me suis battu contre ce foutu cancer. Et elle se rapproche, encore et encore. J'ai envie de la prendre dans mes bras mais elle me crache tous ces mots à la figure, comme si je ne le savais pas. Comme si je n'y avais pas réfléchi au préalable. Quand je me suis réveillé à New-York, j'ai cru mourir une seconde fois d'avoir abandonné tout le monde ici. Alors je sais ce qu'elle a traversé. Je le sais parfaitement. Ça a été dur pour tout le monde… Mais je sais aussi que le choc est beaucoup trop grand pour qu'elle y pense. Elle a besoin de tout extérioriser et je la laisse faire sans bouger, touché par ses mots, en plein cœur. Ses coups de poing me font plus mal à l'intérieur que physiquement. Le front collé contre moi, j'arrive tout de même à sentir son odeur et quelque part, ça m'apaise.

Mes mains se posent timidement dans son dos, prêtes à partir dès lors que Nova décidera de s'éloigner. Je profite alors un moment de la chaleur de son dos contre ma peau, à travers ses vêtements, alors que je ferme les yeux et pleure silencieusement mon chagrin. Ma respiration est saccadée, parfois coupée, parfois lourde, puis silencieuse, comme si je ne voulais pas casser quelque chose chez elle. Comme si je ne voulais pas la déranger dans sa rage, ce qui est concrètement le cas. Je veux lui laisser le temps de tout assimiler. De tout sortir autant qu'elle le peut. Et si je dois avoir des bleus, alors j'en aurais, tant pis. Ils partiront, comme sa douleur.

Et alors que je pense que le pire est derrière nous, elle s'écarte et me glace le sang par son indifférence. Comme si je n'étais pas là. Elle met ses fleurs dans un vase, me remercie. Elle m'indique qu'elle ne me retient pas, que j'ai dit tout ce que j'avais à dire. Elle a tort, mais je ne le dis pas. J'ai encore tellement de choses à lui dire. Ça devra attendre, mais j'en ai, des choses à lui dire. Elle retourne à ses activités et enfin je soupire, calmant alors mes pleurs. Je peux partir… Mais je peux rester. C'est ce qu'elle a dit, non ? J'ai dit que je voulais me battre, alors je m'installe sur le canapé. Je ne suis pas prêt à partir. Pas du tout, même. Je prends un moment pour me calmer avant de reprendre la parole. « Hum… est-ce que je peux en jouer ? » Dis-je en pointant sa guitare du doigt. Je ne sais pas très bien en jouer mais j'ai des rudiments de ce qu'elle m'a appris dans le temps. Et j'avais clairement besoin de penser à autre chose, de me calmer.

Elle n'avait eu aucune protestation de la part de Basil. La laissait-il simplement s'exprimer ? Sans doute. Alors qu'il avait la main dans son dos, elle aurait voulu se blottir contre lui. Ressentir sa chaleur contre elle. Continuer à sentir son odeur rassurante. Pourtant elle s'était éloignée. Comme pour s'éviter de faire un faux pas. Elle ne voulait pas que quelque chose dérape. Elle n'était pas seule. Basil revenait alors que Nova avait fini par avancer dans sa vie. Quincy en faisait partie. Elle ne savait toujours pas où elles en étaient toutes les deux. Quoi qu'il en soit, elle ne voulait pas quelque chose se passe avec Basil. Elle n'y croyait pas. Elle l'avait retrouvé. Elle était toujours en colère, mais le nuage gris au dessus de sa tête pourrait laisser place à un joli soleil quand elle s'en sentirait prête. Ce qui n'était évidemment pas encore le cas. Il faudrait bien que Nova lui dise qu'elle avait refait sa vie. Il fallait bien qu'elle lui dise pour Quincy. Pas maintenant. Pas tant qu'elle était en colère. Pas tant qu'elle était perdue. Pas tant qu'elle ne savait comment la présenter.

Par sa distance, elle se protégeait. Elle savait très bien qu'ils avaient beaucoup à partager. Divers sujets à aborder. Ce n'était simplement pas le moment pour elle. Elle avait besoin de digérer les informations. Elle avait besoin de penser à autre chose. Elle avait fini par lui laisser le choix. Elle ne voulait pas vraiment le voir partir, mais elle comprenait que la situation soit tendue et qu'il préfère partir. Elle comprenait aussi qu'il reste. Elle préférait qu'il reste. Elle ne pu s'empêcher de le suivre du regard lorsqu'il s'assit dans le canapé. Nova reconnaissait Bazz. Son Bazz. Elle savait à quel point il pouvait être têtu. Il lui prouvait encore maintenant, en faisait le choix de rester. « Hum… est-ce que je peux en jouer ? » Daisy. C'est avec cette guitare qu'elle avait commencé à lui apprendre à en jouer. « Fais-toi plaisir ! » Elle lui tendit alors l'instrument où quelques stickers venaient d'être apposés.

A l'époque, cette guitare la suivait partout. Daisy était présente à chaque moment crucial de la vie de la jeune femme. Elle avait vu naitre l'amour de Novaleen pour Basil. Elle avait vu les rires. Elle avait assisté à la passion qui les unissait. Nova n'avait pas l'habitude d'apposer n'importe quoi sur cette guitare. Elle y avait mis un stickers d'une grenouille, symbole de son meilleur ami, Tad. Elle y avait également inscrit un A pour Andrews. Soit ses deux frères et son cousin qu'elle aimait plus que tout, Matthew. Une boite en carton y figurait également parce que Ellie leur avait confié un bout de leur vie à l'époque. Et puis un stickers Marvel parce que CJ adorait ça. Son groupe figurait tout entier sur sa guitare. Parce qu'au fur et à mesure de leur venue dans Everlasting Syndrome, elle les gardait tous près d'elle. Ce qu'elle avait oublié, c'est qu'il y avait un B&N gravé à l'aide d'un couteau ou quelque chose de tranchant. Alors qu'ils étaient ensemble, elle n'avait pas voulu graver leurs initiales sur un arbre. C'est Daisy qui était la gardienne de cet amour. Dernièrement, elle y avait ajouté un stickers de caramel histoire d'y ajouter Quincy.

Elle prit ensuite place près de lui, sur le canapé, sans un mot. Elle écoutait les notes approximatives que Bazz produisait. Elle étouffa un petit rire avant de lui lancer un « J'vois que t'as rien oublié et que t'es toujours aussi doué. » La situation semblait adoucie. Pourtant, Nova n'était pas prête pour autant. Elle comprenait maintenant ce que Quincy pouvait traverser en ce moment avec son refus de discuter de leur relation. Elle se retrouvait actuellement dans la même situation.

Je n'ai clairement aucune envie de partir. Enfin, si tout mon corps est en alerte et a si mal que je veux  partir, je n'en ai quand même pas la moindre envie. Je veux me battre. Je suis têtu, je ne partirais pas sans me battre. Et elle compte me laisser faire, j'en ai bien l'impression. En tout cas, elle, elle ne veut pas se battre pour que je parte. C'est donc qu'elle a envie que je reste, au moins un peu, non ? Ça me réchauffe un peu le cœur, à y penser. Installé dans son canapé, je la regarde un petit instant avant de tendre le doigt sur sa guitare. Elle me tend l'instrument et je lui souris doucement tout en le prenant avec précaution. Je ne sais pas vraiment m'en servir. Je l'ai toujours regardée et écoutée jouer, elle m'a appris quelques trucs sur cette même guitare, d'ailleurs.

Je m'applique pourtant à effectuer ce dont je me rappelle. J'en viens même à remarquer nos initiales gravées sur la guitare. Je ne peux que sourire en les voyant, ça aussi ça me réchauffe le cœur. Lorsqu'elle vient près de moi, je souris à nouveau mais de manière imperceptible cette fois. Je garde ma concentration sur les notes que je joue et il faut avouer… qu'elles ne sont vraiment pas terribles. Je suis bon écrivain, oui, mais je ne suis pas du tout un musicien. Et sa remarque me fait légèrement rire. « Te moque pas trop ! Je suis rouillé. » Eh bien, oui. Je n'ai pas eu la chance ni le courage de pratiquer mes accords à la guitare sans elle. Et puis, je n'ai même pas de guitare. Je me vois mal acheter une guitare pour mal exécuter une série de quelques accords sans la supervision de ma professeure.

J'arrête alors ce que je fais et mon doigt caresse les lettres gravées sur le bois pensivement. Je ne sais pas si j'ai bien fait de revenir mais pour le moment, même si je sens toujours une petite tension, l'atmosphère semble meilleure. Plus détendue en tout cas. Mon regard se relève sur son visage et je pince les lèvres, venant essuyer les restes de mes larmes sur mes joues. « Tu voudrais bien me jouer un morceau ? Histoire de me mettre la pâté. » Je plaisante doucement en souriant finement, lui tendant la guitare toujours aussi précautionneusement.

Nova ne peut s'empêcher de remarquer un sourire sur le visage de Bazz lorsqu'il prend la guitare en main. Les initiales sans doute. Ils étaient tous les deux ensemble au moment où Nova les avait gravées. Il devait donc se souvenir de ce moment autant qu'elle. Les images lui revenaient à l'esprit comme si elle venait de se prendre un ballon en pleine figure. Ils étaient dans sa chambre. Elle jouait de la guitare alors qu'elle se trouvait dans ses bras protecteurs, vêtue uniquement d'un tee-shirt trop grand pour elle. Le sien. Le souffle du jeune homme caressait sa peau. La lumière était diffuse. Presque orange parce que le soleil commençait à se lever. Elle souriait sans réellement s'en rendre compte. Elle était heureuse. Elle se souvenait encore de ses paroles comme si c'était hier. Elle s'était retournée face à lui, la guitare entre leurs deux corps. « Bazz, je t'aime ! » A la suite de quoi elle avait fini par l'embrasser. Elle pouvait encore ressentir le contact des lèvres de Basil sur les siennes, de la douceur de leurs échanges. Elle avait ensuite pris une paire de ciseaux sur sa table de nuit, avait plongé son regard dans le sien avant d'entamer la marque presque imperméable au temps. Pour Nova, la signification de cette trace était importante. Elle voulait dire je t'aimerai toujours.

Alors que les notes étranges s'arrêtent, Nova ne peut s'empêcher de rigoler et d'entendre la riposte de Basil. Mais tout s'arrête pour la demoiselle lorsqu'elle observe son ex toucher du doigts les initiales gravées. Les larmes montent à nouveau. Cette fois, elles ne coulent pas. Elle à cette impression que son cœur explose. Comment elle a pu penser que tout se passerait parfaitement entre eux, que rien ne les séparerait ? Et puis le voilà qui propose à Novaleen de jouer un morceau. D'accord. Elle n'ouvre pas la bouche et reprend son instrument. Elle pris une grande inspiration, ferma les yeux quelques secondes avant de jouer un des derniers morceaux de son groupe. Bon, ça ne donnait clairement pas la même chose que quand tous les membres étaient réunis. Elle fit le choix de ne pas poser sa voix. Par peur qu'elle ne casse, sans doute. Trop fragile. A tout moment, elle pouvait perdre pieds.

Cette situation paraissait si irréelle. Nova était là, à jouer de la guitare alors que Basil la regardait. Un sérieux retour en arrière. Un flash-back dont elle se serait bien passé. Une épreuve qu'elle aurait préféré éviter. Parce que maintenant, Nova avait peur de le perdre de nouveau. Et surtout parce que c'était encore plus compliqué pour elle de savoir où elle en était. D'un côté, il y avait Quincy. La merveilleuse femme avec qui elle partageait des nuits. A qui elle pensait trop souvent. Et d'un autre côté, il y avait Basil. Elle l'aimait encore. Mais est-ce que c'était judicieux de céder à la tentation ? Nova s'arrêta de jouer net. elle avait cette impression que sa tête tournait. Le monde autours d'elle avançait trop vite, elle ne suivait plus le rythme. Comme si elle restait figée sur place alors que tout le monde autours de sa personne continuait d'avancer. « J'peux pas. J'y arrive pas, Bazz. » Décidément, Nova passait des moments étranges. Elle venait de vivre en peu de temps de l'étonnement, de la frustration, de la tristesse, de la colère, de la nostalgie et encore bien d'autres sentiments qui lui filaient le tournis. Elle avait besoin de temps pour digérer toutes les informations. Elle avait besoin de lui expliquer sa vie d'aujourd'hui. Elle avait besoin de tout savoir. Les vannes s'étaient de nouveau ouvertes et c'est sans réfléchir, naturellement qu'elle se rapprocha de lui pour se blottir dans ses bras. Elle ne s'aperçu pas directement qu'elle le serait fort. Peut-être trop.

Grâce à son groupe, j'ai pu la suivre un peu de loin. De nos jours, heureusement qu'il y a des caméras fixées sur tous les portables. Ainsi, j'ai regardé la plupart des vidéos les montrant sur scène. J'ai essayé de suivre sa carrière musicale autant que possible. Au moins, ça fait ça de moins à rattraper. Mais il y a encore énormément de choses à rattraper. Un an, ce n'est pas rien, c'est même énorme. Elle a dû se construire une nouvelle vie, se faire de nouveaux amis… Peut-être même avoir un amoureux ? J'avoue qu'à cette pensée, mon cœur se serre. Je n'ai pas envie de la voir avec quelqu'un d'autre, pourtant, j'imagine que je vais devoir passer par là. Un jour ou l'autre. Mon cœur espère qu'elle n'ait rencontré personne pour me remplacer. Dans ma tête, chaque personne est irremplaçable et remplaçable en même temps, mais ça me fendrait le cœur de la savoir aimer quelqu'un d'autre. Parce que je suis toujours amoureux d'elle, que si je suis encore en vie, c'est probablement grâce à la seule pensée de la retrouver un jour. Parce que même moi, en me sachant loin d'elle et de mes proches, je ne voulais pas me battre contre le cancer.

Je lui demande de me jouer un morceau. Je me demande si elle va accepter, c'est quand même quelque chose d'intime, en tout cas, ça l'est pour moi. Ce n'est pas qu'une chanson jouée, que des cordes pincées pour former une jolie mélodie du bout de ses doigts. C'est un moment, des émotions partagées, des regards, des gestes et surtout de la douceur. Et ça se voit quand elle prend la guitare. Ma position est la suivante : je retire mes chaussures pour me placer en tailleurs et mon coude, appuyé sur mon genou, retient ma tête par le poignet, le menton bien placé dans le creux de ma main. Mes yeux la regardent avec un air doux, tellement doux qu'on pourrait simplement avoir envie de s'y blottir. La mélodie qu'elle produit me fait du bien, me calme et m'apaise. Peu importe que sa voix y soit ou non. Je sais qu'elle met toujours son petit cœur dans tout ce qu'elle fait qui a un rapport avec la musique.

Mais soudain, elle s'arrête. Je redresse ma tête en fronçant les sourcils, ayant bien du mal à comprendre. Elle me dit qu'elle n'y arrive pas et mes lèvres se referment. J'ai bien profité de ce moment, c'était comme une pause dans une tornade, comme un seau d'eau désespéré au milieu de la tourmente des enfers. Elle vient ensuite se blottir contre moi et me serre comme si c'était la dernière fois. Mes bras s'enroulent en retour autour d'elle et je caresse ses cheveux avec tendresse. Je ferme les yeux, hume longuement son odeur et puis ma tête se colle contre la sienne, ma bouche près de son oreille. « Je sais. Je sais bien. Je sais, c'est dur… » commençais-je à lui murmurer en la berçant un peu. « Trésor, tout ce que je veux, c'est de faire partie de ta vie parce que je ne suis rien sans toi. Peu importe la manière dont je fais partie de ta vie. Ami, ennemi, voisin, ou je ne sais quoi… Même si tu me repousses, je l'accepterais… Et tu me connais… Mieux que personne. Alors tu peux tout me dire. Je peux tout entendre. » Je me tais ensuite pour uniquement la garder contre moi, la serrant tout aussi fort qu'elle peut me serrer contre elle. Je continue mes caresses dans ses cheveux et mes yeux restent fermés alors que je respire son odeur.

Nova avait accepté de jouer de la guitare pour Basil. Quelque chose d'intime. Quelque chose qui les rapprochait. Il avait le regard rivé sur elle. Ce regard qu'elle avait tant vu autrefois. Ce regard qui en disait long. Qui assurait à Nova qu'il y avait quelque chose entre eux. Et pourtant, elle n'arrivait pas à continuer. Un peu comme si plus rien n'était comme avant. Comme si ce qu'ils avaient vécus c'était évanouis. Comme si tout avait été réduit en poussière. Mais pourtant, elle sentait que ce n'était pas terminé. Qu'elle avait encore des sentiments pour lui. Elle ressentait une certaine électricité lui parcourant le corps à son contact. Elle sentait le rouge lui monter aux joues quand il la regardait. Comme au premier jour.

C'est naturellement qu'elle le pris dans ses bras. Comme elle le faisait autrefois. Ce contact lui donnait l'impression que du feu passait à travers ses veines. Il lui rendit son étreinte en caressant ses cheveux. Ca lui avait manqué. Il avait une manière bien à lui de prendre Nova dans ses bras. Elle ne saurait comment l'expliquer. Mais elle se sentait en sécurité tout simplement. Le murmure au creux de son oreille lui apparaissait comme rassurant. Ses larmes continuaient de couler, mais elle se sentait dans une sorte d'état de bien-être, comme si rien autours n'avait encore de l'importance. Personne à part eux n'avait de l'importance à cet instant. Du moins avant qu'il ne continue de lui parler. Trésor. Ce surnom qu'il utilisait toujours à son égard. Ce surnom qui lui rappelait tellement de choses. Tellement de moments. Il voulait encore faire partie de sa vie. Nova en mourrait d'envie aussi. Quincy. C'était le moment d'aborder le sujet. Elle s'écarta un peu, passa sa main pour tenter d'essuyer ses larmes, renifla et pris le visage de Basil entre ses mains comme pour s'assurer qu'il était bien là, sous ses yeux.

Elle prit le temps de soupire tout en le regardant droit dans les yeux. Quincy. C'était une jeune femme extraordinaire. Une jeune femme qu'elle avait appris à connaitre et de qui elle était plutôt proche jusqu'à ce que ça dérape et qu'elles ne se retrouvent à coucher ensemble plusieurs fois. Leur relation était floue. Difficile pour nova de savoir où elle en était. Mais quoi qu'il en soit, il était clair qu'elle devait mettre Bazz au courant. « Je ... Mhhh ... » Difficile de trouver les mots. Assise près de lui, une jambe posée sur ses genoux, il y avait une certaine proximité entre eux. Elle sentait le courant passer des joues du jeune homme à ses mains. « Bazz ... » Ses pensées étaient présentes, mais impossible de sortir des phrases complètes. Elle avait l'impression qu'elle allait le détruire en lui annonçant qu'elle avait quelqu'un d'autre qui partageait son lit. « J'vois quelqu'un, Bazz ... » Les mots semblaient refroidir la pièce. Soudain, c'est comme si quelque chose c'était brisé. Comme si le cœur de la jeune femme se brisait au même titre que celui de Basil. Elle garda son visage entre ses mains comme pour le rassurer. Mais en fait, c'était pour éviter de perdre son contact. « J'suis désolée ... » Et elle l'était. Sincèrement. Mais elle avait le droit de refaire sa vie après le supposé décès de Basil. Elle avait fini par reprendre pieds et à refaire sa vie. Sans réfléchir, elle se rapprocha dangereusement du visage de son ex et posa ses lèvres sur sa joue. « J'veux pas te perdre, tu sais. T'es revenu d'entre les morts, tu me laisseras pas une seconde fois. » Elle lui murmurait ces phrases à l'oreille, passant une main dans ses cheveux. Non, elle ne le laisserait plus s'éloigner d'elle, cette fois.

J'avoue que j'en profite longuement, de cette étreinte. Je n'ai pas envie qu'elle se termine. Je renifle son odeur comme si c'était la dernière fois que j'allais le faire, alors que je sais parfaitement que je ne quitterais plus jamais sa vie, sauf si elle me le demande. Et pour le moment, elle ne me l'a pas demandé… Au contraire. Alors, j'essaie de la rassurer comme je le peux, avec diverses caresses dans ses cheveux et des mots tendres. Elle peut me faire confiance, elle a toujours pu. Je peux tout entendre. Je suis plutôt assuré quand je lui dis ça. Mais je ne devrais pas. Et si elle me dit qu'elle a refait sa vie ? Si elle me dit que c'est fini pour de bon ? Est-ce que je serais vraiment capable de rester uniquement son ami ? Ou ne serait-ce que dans sa vie ? Cette idée me pince le cœur bien trop fort pour que j'y pense encore. Non, je ne veux pas. Il en est hors de question.

Pourtant… Mon cœur pince encore plus fort quand elle commence à hésiter pour me dire ce qu'elle a à me dire. Et encore, à ce moment-là, j'espère qu'elle va m'annoncer autre chose que son statut amoureux. Il faut absolument qu'elle me parle d'autre chose. Absolument. Quand ses mots sortent finalement de sa bouche, je me fige. Le regard dans le sien. Le temps s'est arrêté, mon cœur aussi. Encore une fois. J'ai l'impression de mourir à nouveau mais la douleur est beaucoup plus forte que la première fois. C'est plus comme si mon corps se faisait tirer jusqu'à ce que ma chair se déchire en mille parties, mais de l'intérieur. « J'vois quelqu'un, Bazz... » Ah. Ah… Oui, ça fait mal. Vraiment mal. Peut-être pas autant que ce qu'elle a dû ressentir quand je suis mort pour de vrai. Je dois… Je dois lui dire au revoir ? Dire adieu à notre relation ?... Par ma faute... Si je n'étais pas parti… Si ma mère ne m'avait pas emmené à New-York, peut-être qu'on serait déjà mariés tous les deux… Et voilà qu'elle voit quelqu'un d'autre. Je sens ses lèvres sur ma joue, leur chaleur me fait du bien autant qu'elle m'écorche la peau. Elle voit quelqu'un d'autre. J'ai du mal à reprendre mon souffle. Mon cœur, lui, bat de plus en plus fort, comme pour me dire "non, tu ne vas pas crever, même si tu en as envie". Il me nargue. Je suis anéanti. Elle voit quelqu'un d'autre.

« Jamais. » Automatiquement, mes bras se referment autour d'elle, pour l'emprisonner contre moi. Il est hors de question que je la laisse partir. Je ne l'abandonnerais jamais. Je ne sais pas si je suis capable d'être seulement un ami pour elle mais je ne peux pas imaginer ma vie sans elle. Je ne peux pas. Ce n'est pas possible. « Plus jamais je ne te laisserais, Nova. Tu… » Tu es l'amour de ma vie, que j'ai envie de lui dire. Mais je n'en ai pas le droit. Je dois la laisser partir avec ce quelqu'un d'autre. Il me faut un long moment pour me calmer. Calmer cette gorge si serrée, ce ventre prêt à exploser et ce cœur qui n'en peut plus de battre si fort. Et quand je me sens prêt, même si mes yeux sont larmoyants à cause de cette souffrance piquante, je redresse le visage pour planter mon regard dans le sien, dans un sourire qui se veut doux. « Est-ce que tu es heureuse, comme ça ? » C'est la chose la plus importante. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle le soit. Et si elle l'est déjà, alors je ne ferais que la regarder être heureuse. C'est tout ce qui m'importe, son bonheur avant tout.

Novaleen avait lancé la nouvelle. Elle voyait quelqu'un d'autre. Elle voyait Quincy. Elle ne savait pas exactement ce qu'elles représentaient l'une pour l'autre, mais Nova ne pouvait pas manquer de franchise envers Basil. Elle se retrouve dans les bras de son ex, le souffle court. Ses phrases lui font un bien fou. Il ne la laissera pas, il restera près d'elle. Les yeux de la jeune femme cherchent les siens et quand il finit par lui poser la question de savoir si elle est heureuse, elle ne sait pas quoi dire. Oui, elle est heureuse. Mais il est clair que cette relation n'a rien avoir avec celle qu'elle avait avec Basil. « Oui, je crois ... » Le je crois trahissait clairement son manque de confiance en cette relation. Après tout, elle avait tenté à de nombreuses reprises d'entamer une discussion avec son amante, mais elle trouvait toujours le moyen de changer de sujet. Impossible donc de savoir où elles en étaient. Et ce même je crois traduisait un ce ne sera jamais pareil que ce qu'on partageait tous les deux.

Elle s'éloigna un peu de lui, le regardant droit dans les yeux. Et puis, après un soupir, se décida à ouvrir à nouveau la bouche. « Ton retour ... Ca va me prendre du temps. » Le voir revenir chamboulait complètement sa vie entière. Ca chamboulait tout à l'intérieur d'elle. Dans son cœur. Dans sa respiration. Dans sa tête. Dans son ventre. « Je veux dire ... J'suis heureuse de voir que finalement, tu n'es pas mort, mais ... Tu comprends, c'est difficile pour moi d'encaisser tout ça. » Pour autant cela ne voulait pas dire qu'elle ne voulait pas passer du temps avec lui. Elle voulait simplement rattraper le temps perdu, prendre du temps seule avec elle-même et faire le point. Prendre le temps de parler à Quin et de savoir où elles en étaient toutes les deux. « Mais ... Et toi, Bazz, tu es heureux ? » Question difficile. Peut-être risquée. Parce qu'on fond d'elle, Nova souhaitait qu'il soit heureux. Mais elle avait le ventre qui se nouait en imaginant qu'il ait pu rencontrer quelqu'un d'autre. La jalousie venait l'envahir complètement à la simple pensée qu'il voit quelqu'un d'autre qu'elle.

Qu'est-ce que ça fait mal, d'avoir le coeur brisé. Et pourtant, je sais que ce n'est rien comparé à ce qu'elle a pu vivre quand elle a appris ma mort. Je ne peux pas me permettre de me plaindre de cette douleur vive qui me prend au coeur rien qu'à penser à elle avec quelqu'un d'autre. Qui que ce soit, il ou elle a tout intérêt à la rendre heureuse. Je suis contre la violence, évidemment. Et sincèrement, je préférerais largement ne jamais avoir à y recourir. J'ai juste tellement peur pour elle. Je l'aime à un point où même si ça me fait mal, je veux seulement qu'elle soit heureuse. Je ne veux que son bonheur. Quand elle me répond qu'elle croit l'être, ça ne me rassure pas des masses. Je veux dire, j'ai encore un peu plus mal. Elle serait heureuse avec moi... Maintenant que je suis guéri. Peut-être qu'elle le sera aussi avec cette autre personne. Peut-être qu'elle a besoin de temps. Peut-être aussi que je ne suis pas revenu au bon moment... Mais y a-t-il vraiment un bon moment pour revenir d'entre les morts ?

Je la regarde s'éloigner sans rien dire. Oui, mon retour va prendre du temps à digérer pour elle. Mais pas que. Il y a toutes ces personnes que je porte dans mon coeur... Et qui m'en voudront sûrement de ne pas leur avoir dit la vérité. Mais je comprends. Je comprends totalement le fait qu'ils aient du mal à digérer mon retour. Puis elle me demande si je suis heureux, et là, je ne sais pas quoi faire. Je suis incapable de lui mentir, mais lui dire la vérité... Est-ce vraiment nécessaire ? Je fuis son regard, je secoue la tête, je fronce les sourcils. Puis, je soupire et je la serre à nouveau contre moi. « Je vais mieux maintenant que je suis là. C'est tout ce qui compte. » Oui, voilà. Une réponse parfaite. Il ne faut pas penser au passé, au fait que je voulais mourir, que j'attendais ma mort pour ne pas avoir à vivre sans ma famille de coeur. Tout ira bien maintenant. Nova va rester dans ma vie, c'est une excellente nouvelle. Même si elle ne reste que mon amie, elle sera là. Je me recule pour lui sourire et caresser sa joue. « Je suis vraiment désolé trésor. Est-ce que tu me pardonneras un jour ? Même si ça prend du temps ? »